Maladies du changement climatique : Impacts et conséquences sur la santé

La fièvre de la vallée du Rift, autrefois limitée à l’Afrique subsaharienne, a été signalée pour la première fois en Europe en 2022. Des régions jusque-là épargnées par la dengue ou le chikungunya enregistrent des cas autochtones, corrélés à l’expansion des moustiques vecteurs. L’augmentation des températures et la modification des cycles de précipitations redessinent la cartographie des risques sanitaires.

Des maladies respiratoires chroniques gagnent en fréquence dans les zones urbaines fortement exposées aux polluants atmosphériques. Les épisodes de canicule entraînent une surmortalité mesurable, bien au-delà des groupes habituellement considérés à risque.

Changement climatique et santé : comprendre les liens invisibles

Le changement climatique s’infiltre dans notre quotidien, modifiant la santé humaine de façon parfois sournoise. D’après les projections du GIEC et de l’OMS, plus de 250 000 décès annuels pourraient, d’ici 2050, être imputés aux seuls effets directs du réchauffement climatique. Et la liste des conséquences du changement climatique ne s’arrête pas aux infections tropicales qui défrayent la chronique.

Le climat agit aussi sur la qualité de l’air que nous respirons. Les rapports de Santé Publique France révèlent une nette progression des maladies respiratoires, provoquées par la hausse de l’ozone et des particules fines, elles-mêmes exacerbées lors des vagues de chaleur. Dans les hôpitaux, les admissions pour asthme ou insuffisance respiratoire se multiplient, mettant le système de santé sous tension.

Autre front : la sécurité alimentaire. Sècheresses et inondations déstabilisent les récoltes, favorisent la malnutrition, tout en ouvrant la porte à de nouveaux risques microbiens et toxiques dans l’alimentation. L’Institut Pasteur met en garde contre l’émergence de zoonoses, symptôme d’écosystèmes fragilisés.

Les impacts du changement climatique s’étendent aussi à la sphère psychique. Dans une synthèse publiée par The Lancet, la montée des catastrophes naturelles, les déracinements et l’incertitude génèrent un terrain propice à l’anxiété et à la dépression. Face à ces liens souvent discrets, la gestion des risques sanitaires doit être repensée à une échelle globale.

Quels types de maladies émergent ou s’aggravent avec la hausse des températures ?

La multiplication des vagues de chaleur et la réorganisation des précipitations bouleversent la carte des maladies. Les maladies infectieuses transmises par des vecteurs, moustiques, tiques, étendent leur territoire en Europe, parfois jusque dans des régions où elles étaient inconnues. L’Aedes albopictus, vecteur du chikungunya, de la dengue et du virus Zika, a désormais investi la quasi-totalité du sud de la France. Les conditions climatiques, plus clémentes pour ces insectes, favorisent leur développement et la circulation de virus venus d’ailleurs.

Les phénomènes météorologiques extrêmes facilitent également la réapparition de maladies transmises par l’eau ou l’alimentation. Des épisodes de choléra ou de salmonellose surgissent à la faveur d’une pollution de l’eau potable. Certaines bactéries, comme Bacillus anthracis, ou des virus tels que Nipah et les hantavirus, tirent profit de ces déséquilibres climatiques pour se propager plus aisément.

Le réchauffement ne se contente pas de faire émerger de nouveaux dangers : il exacerbe aussi des maladies déjà présentes. Les troubles respiratoires liés à la pollution à l’ozone, la progression des maladies de Lyme ou de l’encéphalite à tiques accompagnent l’expansion des Ixodes. Les conséquences se font aussi sentir sur la santé mentale, entre incertitude chronique et séquelles psychologiques après une catastrophe.

Voici les principales catégories de pathologies qui progressent sous l’effet du climat :

  • Maladies transmises par vecteurs : dengue, chikungunya, zika, paludisme, fièvre jaune
  • Infections d’origine alimentaire ou hydrique : choléra, salmonellose, leptospirose
  • Pathologies respiratoires : asthme, exacerbations pulmonaires liées à l’ozone
  • Maladies neurologiques : encéphalite de West Nile, encéphalite à tiques

Des populations plus vulnérables face à des risques aussi répartis

Les effets du changement climatique frappent de manière inégale. En France et ailleurs, l’exposition varie selon l’âge, la situation sociale ou le territoire. Les personnes âgées font face de façon aiguë à la répétition des canicules : leur organisme, moins résilient, encaisse de plein fouet la déshydratation et l’aggravation de maladies chroniques lors des pics de chaleur.

Les enfants forment un autre groupe exposé. Leur corps, en développement, supporte difficilement la chaleur, la pollution et les infections climato-dépendantes. Les populations précaires endurent elles aussi un impact disproportionné : accès limité à l’eau potable, habitats vulnérables, ressources insuffisantes pour s’adapter. Dans les pays en développement, la malnutrition et le manque de sécurité alimentaire résultent directement des aléas agricoles ou de la raréfaction de l’eau.

La géographe Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe I du GIEC, souligne combien l’exposition aux risques sanitaires liés au climat s’inscrit dans des inégalités sociales anciennes. Les migrations de population, la multiplication des réfugiés climatiques en donnent la mesure. Ces dynamiques mettent à l’épreuve les systèmes de santé et la cohésion sociale, en France comme en Europe.

Homme âgé près d

Ressources, prévention et gestes pour limiter l’impact sur la santé

Face à la recrudescence des risques sanitaires liés au changement climatique, la prévention s’ancre dans des recommandations établies par la science. Santé Publique France, l’Institut Pasteur et The Lancet mettent à disposition des données actualisées pour aider professionnels et citoyens à faire face à ces menaces sur la santé humaine.

La vigilance devient la règle lors des vagues de chaleur. Garder les volets fermés, s’hydrater en continu, limiter les sorties pendant les pics de température font partie des réflexes recommandés. Les collectivités, appuyées par le plan national d’adaptation au changement climatique, installent des espaces rafraîchis et surveillent les publics fragiles. Les dispositifs de veille anticipent les effets des phénomènes météorologiques extrêmes.

Quelques gestes pour limiter les conséquences sanitaires :

  • Aérez tôt le matin, restez à l’abri du soleil et évitez l’effort physique pendant les heures les plus chaudes ;
  • Vérifiez la qualité de l’eau et privilégiez des aliments frais pour limiter les infections d’origine alimentaire ;
  • Recourez aux répulsifs et adoptez des tenues couvrantes dans les zones où les maladies à transmission vectorielle progressent, à l’image de la dengue ou de la maladie de Lyme ;
  • Consultez les bulletins sanitaires locaux afin d’anticiper les périodes à risque.

L’adaptation passe aussi par la formation continue des soignants. Des réseaux tels que Health for Future et la Société Scientifique de Médecine Générale partagent des outils pour améliorer la prise en charge des effets sanitaires du réchauffement climatique. La mobilisation collective, portée par les institutions nationales et internationales comme l’OMS et le GIEC, représente le socle d’une riposte cohérente pour préserver la santé publique.

Face à la montée inexorable des températures, chaque degré gagné modifie l’équilibre fragile entre l’humain, son environnement et la maladie. Reste à savoir si la société saura transformer ce défi sanitaire en nouvelle alliance avec le vivant.