Maladies liées changement climatique : quelles sont les conséquences ?

Depuis 1970, le nombre d’événements météorologiques extrêmes a été multiplié par cinq, selon l’Organisation mondiale de la santé. La fréquence de certaines maladies infectieuses a progressé dans des zones jusque-là épargnées.Des régions tempérées voient apparaître des pathologies autrefois limitées aux tropiques. Cette évolution modifie la distribution des risques sanitaires, bouleverse les systèmes de soins et impose de nouvelles stratégies d’adaptation.

Comprendre le lien entre changement climatique et santé publique

Le changement climatique redéfinit brutalement les contours de la santé publique. L’avertissement des scientifiques et des groupes d’experts tels que le GIEC retentit de plus en plus fort : le réchauffement global intensifie la circulation des maladies influencées par l’environnement. À mesure que la planète chauffe et que les événements extrêmes prolifèrent, nos systèmes de protection deviennent insuffisants pour contenir la vague de nouveaux risques sanitaires.

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Chacun en a eu la démonstration ces dernières années, qu’on vive à Paris, à Lyon ou dans un petit village. L’exemple de l’été 2022 est frappant : températures à plus de 40°C dans plusieurs départements, bilan alourdi de près de 10 000 décès supplémentaires selon Santé publique France. Les dégâts se mesurent immédiatement, coups de chaleur, déshydratation, pic de mortalité, mais s’installent aussi insidieusement, via la hausse des allergies, la prolifération des moustiques transmetteurs de virus, ou encore l’air irrespirable pour les poumons les plus vulnérables.

La dernière COP28 a réaffirmé ce constat : le climat bouleverse l’équilibre de la santé mondiale. L’émergence de maladies dans des régions jadis protégées, la montée des troubles respiratoires et l’instabilité alimentaire forcent à une vigilance de tous les instants.

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Pour mieux comprendre l’impact du changement climatique sur la santé, il faut distinguer deux grands mécanismes :

  • Effets directs : canicules, sécheresses, inondations, qui mettent les organismes à rude épreuve
  • Effets indirects : extension des maladies, pollution de l’eau, hausse des allergènes, autant de menaces latentes

Résultat : les travaux de surveillance et d’adaptation deviennent le mot d’ordre, face à une accumulation croissante de signaux d’alerte sur le territoire.

Quels types de maladies émergent ou s’aggravent avec le réchauffement climatique ?

Le réchauffement agit comme un catalyseur pour certaines maladies infectieuses et rend la gestion des pathologies chroniques bien plus délicate. En France, la montée du thermomètre donne un terrain favorable à la prolifération du moustique Aedes, vecteur du chikungunya, de la dengue ou du virus Zika. Même la maladie de Lyme, véhiculée par les tiques, s’étend désormais sur des territoires jusque-là épargnés.

Les maladies respiratoires n’échappent pas à cette transformation. Les canicules répétées, la pollution accrue par les particules fines et l’ozone pendant les incendies de forêt ou en période de chaleur intense, exacerbent les crises d’asthme et aggravent les situations des personnes souffrant de pathologies pulmonaires. Les vagues de chaleur elles-mêmes augmentent le risque de décès liés au cœur et déstabilisent toutes les personnes à la santé fragile, qu’il s’agisse d’enfants, de malades chroniques ou de seniors.

Les sécheresses et inondations redoublent le risque de maladies d’origine hydrique. Une eau polluée peut devenir le principal vecteur de virus, bactéries et autres zoonoses. De plus, la sécurité alimentaire chancelle : les rendements agricoles diminuent, les toxines fongiques s’infiltrent dans les stocks, et la valeur nutritive des aliments baisse.

Ces bouleversements favorisent différentes pathologies, dont voici un aperçu :

  • Maladies vectorielles : paludisme, dengue, chikungunya, maladie de Lyme
  • Maladies respiratoires : asthme, bronchopneumopathies chroniques, allergies
  • Risques hydriques : gastro-entérites, leptospirose, zoonoses liées à la contamination de l’eau

La montée de ces maladies impose donc d’ajuster la surveillance sanitaire et d’adapter l’action, qu’on soit en zone métropolitaine ou en territoire rural.

Des populations plus vulnérables face à de nouveaux risques sanitaires

Certaines catégories de population subissent de plein fouet les effets du bouleversement climatique. Les personnes âgées, particulièrement isolées, figurent parmi les plus à risque lors des épisodes extrêmes. Le souvenir de la canicule de 2003, avec ses 15 000 décès supplémentaires, hante encore la mémoire collective, révélant la fragilité persistante des seniors.

Les enfants sont pris dans la tourmente eux aussi. Leur organisme en pleine croissance ne les protège pas des infections transmises par l’eau polluée ou les insectes. On le voit à l’étranger avec le paludisme, qui emporte chaque année des millions de jeunes en Afrique subsaharienne ; en France, la hausse des allergies respiratoires frappe déjà les plus petits de plein fouet.

Les femmes enceintes voient s’accumuler différents risques, difficultés d’accès à une eau propre, stress thermique, exposition plus forte aux agents infectieux. De récentes études pointent d’ailleurs une dégradation de la santé maternelle et de celle des nourrissons dans ce contexte instable.

Les communautés en situation de précarité, que ce soit en Asie, en Amérique latine ou à la périphérie de certaines villes européennes, se retrouvent rapidement démunies. Manque de solutions pour se nourrir, déplacements forcés, sentiment d’insécurité constante : la santé psychique décline, l’éco-anxiété se répand, accompagnée de troubles profonds.

santé climatique

Agir dès aujourd’hui : comment limiter l’impact du changement climatique sur notre santé ?

Impossible de miser sur l’attentisme. Face à une urgence sanitaire en marche, la réponse doit être pragmatique et collective. C’est le socle de la démarche One Health, qui relie indissociablement santé humaine, santé animale et préservation des écosystèmes. Cette vision inspire un nouvel élan aux politiques de santé et de recherche.

Les groupes d’experts, à l’image du panel climate cambridge ou du GIEC, mettent en avant des actions structurantes :

  • Gestion durable des terres : restaurer les espaces dégradés, miser sur le reboisement, encourager la régénération naturelle pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre tout en protégeant la santé.
  • Prévention sanitaire : adapter les infrastructures hospitalières aux vagues de chaleur, renforcer la veille sur les maladies transmises par les insectes, former les soignants aux nouveaux enjeux environnementaux et sanitaires.
  • Améliorer la qualité de l’air : réduire la pollution à la source, encourager les déplacements actifs, repenser la ville pour soutenir une meilleure santé collective.

Lors de la COP28, la priorité a été donnée à la coordination à grande échelle et à la nécessité d’anticiper l’apparition de nouveaux agents infectieux, tout en préservant l’accès à une eau saine. Des méthodes émergentes, comme la méthode Chakra utilisée pour régénérer les sols, promettent d’accroître la résistance des écosystèmes face aux dérèglements. Du quartier aux instances internationales, seule la cohérence globale des réponses permettra de contenir les conséquences du changement climatique sur la santé humaine.

Miser sur une société capable de s’adapter, c’est refuser le compromis permanent entre santé et environnement. Reste désormais la vraie interrogation : sommes-nous prêts à bouleverser nos modèles pour rendre nos sociétés résilientes face à la tempête annoncée ?