Certains troubles psychiques passent des années sans diagnostic, malgré des consultations régulières chez différents professionnels. L’absence de prescription médicamenteuse ne signifie pas toujours qu’un suivi psychologique est inutile ; inversement, un traitement n’exclut pas la nécessité d’un accompagnement thérapeutique.
En France, seuls les psychiatres peuvent établir certains diagnostics médicaux et prescrire des médicaments, mais le premier entretien se fait souvent avec un psychologue. L’accès à un bilan complet, notamment pour les troubles du spectre autistique, dépend du parcours de soin choisi et des compétences de chaque intervenant. Les démarches varient selon l’âge, la situation et la nature des difficultés rencontrées.
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Quand et pourquoi s’interroger sur sa santé mentale ?
La santé mentale ne se résume pas à l’absence de troubles psychiatriques. C’est une question d’équilibre global : émotions, adaptation au stress, relations, façon de fonctionner au travail ou à la maison. Pourtant, certains symptômes ne trompent pas. Lorsque l’anxiété s’installe, que l’humeur se ternit, que le sommeil s’effrite, que l’appétit vacille ou que l’intérêt pour ce qui faisait vibrer s’efface, il est temps d’agir. Il en va de même pour les difficultés à réguler ses émotions.
Voici un aperçu des situations où consulter s’impose :
- Troubles anxieux et dépression : souvent présents ensemble, ils peuvent s’installer dès l’enfance ou surgir plus tard.
- Troubles du comportement alimentaire (anorexie mentale, boulimie, binge eating) : ces problématiques frappent surtout les adolescents et jeunes adultes, bouleversant vie sociale et liens familiaux.
- Burn-out, addictions, phobies, TOC, mais aussi psychoses ou schizophrénies : ces maladies transforment profondément le quotidien et nécessitent souvent un diagnostic coordonné entre plusieurs experts.
Chez l’enfant, des signes comme l’isolement, des accès de colère sans raison apparente ou un décrochage scolaire peuvent révéler une souffrance psychique ou un trouble du développement. Pour un adulte, la perte progressive de repères ou l’isolement sont des signaux qu’il convient de prendre au sérieux.
Un repérage rapide aide à mieux accompagner. Les troubles psychiques s’entremêlent souvent : l’anxiété peut ouvrir la voie à une addiction ou à un épisode dépressif. La santé mentale s’inscrit dans tout le parcours de vie et colore durablement les relations, le travail, l’équilibre personnel.
Psychologue, psychiatre, psychanalyste : qui fait quoi et comment choisir ?
Pour choisir le bon professionnel de la santé mentale, il faut d’abord cerner les rôles de chacun. Le psychologue a une formation universitaire spécialisée. Il évalue, accompagne et propose des psychothérapies, en s’appuyant sur des approches variées : thérapies cognitivo-comportementales (TCC), thérapies interpersonnelles (TIP), EMDR, psychanalyse, interventions familiales ou de couple. Il ne prescrit pas de médicaments mais aide à mettre du sens sur les difficultés, à trouver des stratégies pour aller mieux et à construire un suivi sur mesure.
Le psychiatre est un médecin qui diagnostique et prend en charge les maladies mentales. Il peut prescrire, suivre un traitement, organiser un accompagnement global et proposer une psychothérapie. Il intervient pour des troubles sévères : dépression résistante, troubles bipolaires, psychoses, addictions, anxiété persistante. Souvent, il travaille en équipe avec psychologue, psychothérapeute, assistant social pour couvrir tous les besoins du patient.
Le psychanalyste, parfois psychologue ou psychiatre de formation, s’appuie sur la théorie freudienne et propose d’explorer les conflits inconscients par le dialogue, sur le long terme. Cette démarche s’adresse à ceux et celles qui souhaitent creuser au plus profond d’eux-mêmes.
Avant de prendre rendez-vous, il est utile de clarifier la nature des difficultés, le caractère urgent (ou non) de la situation, les attentes et la question d’un éventuel traitement médicamenteux. Certaines situations appellent une coordination entre plusieurs spécialistes, afin d’apporter une réponse cohérente à la complexité de la situation.
Le diagnostic en santé mentale : étapes, outils et spécificités
Un diagnostic en santé mentale ne se pose pas à la légère. C’est un parcours précis, jalonné d’étapes adaptées à chaque personne. Souvent, le médecin généraliste repère les premiers signaux, oriente vers le bon professionnel et lance la démarche clinique.
L’étape centrale reste l’examen clinique : observation du comportement, entretien approfondi, relecture de l’histoire personnelle et des antécédents médicaux. Ces échanges sont parfois complétés par des questionnaires, des échelles d’évaluation ou des tests psychométriques. Chez l’enfant, un pédiatre ou une plateforme de coordination et d’orientation (PCO) peut s’avérer décisif, surtout lorsqu’un trouble du neurodéveloppement est suspecté.
En France, seul le psychiatre pose un diagnostic médical et peut prescrire un traitement. Le psychologue accompagne le patient dans la compréhension de ses difficultés, aide à mettre en mots ce qui fait souffrir, formule des hypothèses, mais ne remplace pas l’avis médical.
La téléconsultation a ouvert de nouvelles possibilités, notamment via MédecinDirect ou Domy. Ces plateformes facilitent l’accès à un premier avis ou à un accompagnement, sans sacrifier la rigueur du processus. Ce qui compte : distinguer un trouble passager d’une pathologie qui demande un suivi spécialisé, pour adapter au mieux l’accompagnement.
Autisme et troubles du spectre autistique : comprendre le parcours de diagnostic
Le parcours pour diagnostiquer l’autisme s’articule en plusieurs phases, rarement linéaires, et demande une coordination solide entre plusieurs professionnels de santé. Chez l’enfant, l’alerte provient souvent des parents, du médecin généraliste ou du pédiatre, qui repèrent certains signes dans le développement : retard de langage, difficultés relationnelles, habitudes répétitives.
Suite à ce premier repérage, l’enfant est orienté vers une plateforme de coordination et d’orientation (PCO). Ces structures, présentes un peu partout en France, jouent un rôle pivot : elles organisent les rendez-vous avec les spécialistes adaptés (psychologue, pédopsychiatre, orthophoniste, psychomotricien), afin de réaliser un bilan pluridisciplinaire. Ce bilan permet d’affiner le diagnostic et d’écarter d’autres troubles du neurodéveloppement.
Le psychiatre ou le pédopsychiatre pose le diagnostic médical des troubles du spectre autistique (TSA), sur la base de l’ensemble des évaluations. Le psychologue accompagne tout au long du parcours, apporte un éclairage sur les situations complexes, soutient la famille et propose des outils spécifiques. La démarche est progressive, pour éviter les erreurs liées à l’âge ou à la diversité des symptômes.
La généralisation des PCO a raccourci les délais d’accès au diagnostic et renforcé le travail en réseau. Les familles bénéficient d’un interlocuteur central, ce qui limite l’errance et assure un suivi mieux coordonné, adapté à chaque situation.


