L’idée reçue voudrait que prendre quelques kilos en vieillissant soit inéluctable, comme si la balance s’acharnait contre nous avec les années. Pourtant, derrière chaque chiffre affiché, il y a des mécanismes bien précis. Comprendre ce qui se joue sous la peau, c’est déjà commencer à reprendre la main.
Le métabolisme de base, ce moteur discret, joue un rôle-clé dans la prise de poids à mesure que l’on avance en âge. Il s’agit de l’énergie minimum dont l’organisme a besoin pour maintenir ses fonctions vitales : respirer, faire battre le cœur, maintenir la température interne. Or, plus la masse musculaire est élevée, plus ce moteur tourne vite. Les hommes, généralement plus musclés, voient donc leur métabolisme basal tourner à plein régime, là où celui des femmes est souvent un peu plus lent, du fait d’une masse musculaire moindre. Résultat : le corps masculin dépense spontanément plus de calories, même au repos.
Mais rien n’est figé : avec les années, la masse musculaire fond peu à peu, provoquant une baisse du métabolisme basal estimée autour de 2 à 3 % par décennie chez l’adulte. Le nombre de calories brûlées au repos diminue, alors que les habitudes à table, elles, évoluent rarement au même rythme. Ce décalage favorise le stockage des excédents sous forme de graisse. Et les garde-manger du corps se remplissent en silence, sans prévenir.
La ménopause : un tournant physiologique et hormonal
Chez les femmes, la ménopause marque un virage. La chute des œstrogènes accélère la fonte musculaire dans le bas du corps. À ce bouleversement hormonal s’ajoutent souvent d’autres remous : départ des enfants, pressions professionnelles, nouveaux équilibres familiaux. Ce cocktail amplifie les mécanismes évoqués plus haut. Dans cette période, le corps change de stratégie : puisqu’il n’a plus à préparer une éventuelle grossesse, il modifie la répartition des réserves. Les cuisses s’allègent, pendant que la taille et les hanches prennent du volume. Si le mode de vie ne bouge pas, la masse musculaire continue de diminuer, et la prise de poids s’installe insidieusement.
Pour limiter ce phénomène, deux leviers sont particulièrement efficaces :
- Rééquilibrer ses apports alimentaires, en privilégiant les nutriments utiles au maintien de la masse musculaire
- Augmenter l’activité physique, même modérée, pour soutenir un métabolisme plus actif
Adopter ces habitudes, c’est offrir à son corps les moyens de ralentir la mécanique du stockage et de retrouver de l’énergie.
Hypothyroïdie : quand la thyroïde freine la cadence
La thyroïde, petite glande mais grande influence, peut aussi s’enrayer. L’hypothyroïdie, relativement fréquente, ralentit le rythme de l’organisme. Résultat : une prise de poids accompagnée d’une fatigue persistante, parfois difficile à déceler au début. Ce trouble concerne surtout les femmes après 50 ans. Bien qu’irréversible, il se gère efficacement grâce à un traitement quotidien à base d’hormones de substitution, qui permet de retrouver une stabilité pondérale et un regain d’énergie.
La perte osseuse, un facteur discret mais réel
À la fonte musculaire s’ajoute un autre phénomène moins visible : la diminution progressive de la masse osseuse. Ce processus, lui aussi, fait baisser la dépense énergétique de base. Or, la carence en vitamine D, qui touche près de 80 % des Occidentaux, accentue encore ce phénomène. S’assurer un apport suffisant en vitamine D, par l’alimentation ou une exposition raisonnée au soleil, aide à limiter cette perte et à préserver la vitalité corporelle.
Le lâcher-prise, ou quand le contexte social invite à la sédentarité
Avec les années, la vie se réorganise : le rythme ralentit, les priorités changent. C’est là que la sédentarité s’installe facilement, accompagnée d’une alimentation plus riche en produits transformés et en sucres rapides, sodas, vin, viandes grasses. D’autres habitudes accentuent la tendance : l’alcool, le temps croissant passé devant un écran, ou encore la voiture au détriment de la marche. Petit à petit, ces choix quotidiens pèsent sur la balance.
Pourtant, prendre du poids avec l’âge n’a rien d’inéluctable : ajuster son alimentation à ses besoins réels et intégrer davantage de mouvement dans ses journées permettent de préserver un poids stable et un bien-être durable. Ce sont les gestes ordinaires, répétés, qui font la différence sur la durée.
Face à la tentation de la résignation, il y a l’option de la vigilance active. Vieillir n’interdit pas de rester maître de son équilibre. La silhouette se transforme peut-être, mais l’énergie de vivre pleinement ne demande qu’à s’inventer de nouveaux repères.

